RadioSouvenirsFM

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dimanche 25 octobre 2009

Média_ Depuis 25 ans, une émission radio s'adresse aux prisonniers chaque dimanche



"On est tous ensemble pour l'anniversaire de Mémé et tu nous manques": sur les ondes de RCF (Radios chrétiennes francophones), dont le siège est à Lyon, on peut transmettre en direct, chaque dimanche depuis plus de 25 ans, un message aux prisonniers.

Ovni radiophonique au moment de son lancement en 1983, l'émission "le Téléphone du dimanche" a été rapidement imitée par de nombreuses radios, souvent communautaires ou associatives, notamment Radio Notre Dame, Beur FM (jusqu'en 1995) à Paris, ou Radio Galère à Marseille. Mais elle est la seule à diffusion nationale.

L'émission est le fruit de la rencontre entre un jeune lyonnais, Daniel Siino, et un condamné à mort américain, Charlie Bass.

Bouleversé par un documentaire sur l'histoire de Bass, condamné pour avoir tué un policier de Houston, Daniel Siino lui écrit puis le rencontre à plusieurs reprises entre 1982 et son exécution à laquelle le Lyonnais assiste en 1986.

En 1983, Charlie lui fait découvrir une émission diffusée sur une radio texane, permettant aux détenus d'entendre la voix de leur famille et l'encourage à créer ce type d'émission en France.

En plein essor des radios libres, Daniel convainc une toute jeune radio chrétienne lyonnaise de lui octroyer un créneau le dimanche matin, lançant ainsi le "Téléphone du dimanche".

Un quart de siècle plus tard, RCF diffuse sur 220 fréquences avec 62 antennes locales, et continue d'ouvrir ses ondes à l'heure de la messe aux familles de détenus.

"Téléphone du dimanche bonjour, c'est à vous", lance une animatrice bénévole. "Joyeux anniversaire", chante une bande d'enfants à l'attention d'un oncle derrière les barreaux.

"La petite est enrhumée, c'est pour ça que je n'ai pas pu venir au parloir. Mardi ton frère viendra te voir", promet une femme.

"Papa, c'est Bouba. Si tu pouvais nous écrire ça serait bien. On espère avoir un parloir bientôt", dit le fils adolescent d'un détenu, sans nouvelles de son père depuis plusieurs semaines.

"Je t'aime, toi et moi nous ne faisons qu'un, tu me manques", "l'opération de Mamie s'est bien passée" : entre 11h30 et 13h00, 80 personnes en moyenne appellent et passent à l'antenne. De nombreuses autres n'y parviennent pas, par manque de temps.

Au standard, une autre bénévole jongle entre trois lignes, occupées en permanence.

"On essaie de répartir le temps d'antenne, on est très attentifs à ne pas citer de noms ni d'insultes, menaces ou langages codés", affirme Martine Jacob, coordinatrice de l'émission.

"Le dimanche, souvent il n'y a pas de parloir, et l'émission est le rayon de soleil de cette journée qui peut être la plus triste de la semaine", souligne Mme Jacob qui a été usagère de l'émission, pour soutenir son frère incarcéré, avant de devenir bénévole.

"Cette émission ne respecte aucun standard radiophonique mais elle correspond à notre mission", explique Jean-François Bodin, directeur des programmes de la radio. "Il y a une émotion très forte, ajoute-t-il, et de nombreux auditeurs, qui ne sont pourtant pas concernés, sont touchés et nous le disent".

Source : GoogleNews De Caroline-Nelly PERROT (AFP)

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